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Photo du rédacteurSiryne Zoughlami

Tina Barney : Family Ties




Pour ce retour de l'expertise naïve, Siryne Zoughlami a planté son chevalet au milieu de photographies : celles de l’étonnante et troublante exposition de Tina Barney, “Family Ties” au Jeu de Paume.

Ouverte le 28 septembre et ce jusqu’au 19 janvier 2025, l’exposition de la photographe américaine, âgée de bientôt 80 ans, rassemble ce qui a su la distinguer, à savoir des portraits de famille, de très grand format, le plus souvent en couleurs. Si, dans les années 1980 puis 1990, elle s’est d’abord concentrée sur ses proches très aisés de la côté Est des Etats-Unis, elle est rapidement allée chercher outre Atlantique d’autres modèles tout aussi aisés, l’aristocratie ou encore la très haute bourgeoisie européenne. 

De manière inédite, la photographe ne pointe son objectif que vers les hyper-riches, qui, surtout en Europe, se prêtent volontiers à la pose. Mais, sans doute de manière encore plus étrange, nulle ambition pourtant de critique sociale dans son travail : au contraire, la photographe se récrie en rappelant qu’il ne saurait en être question puisque, dit-elle, « ces photographies traitent de la famille, de personnes de la même famille qui se côtoient d'ordinaire au sein de leur propre maison. Je ne sais pas si le public se rend compte que c'est de ma famille qu'il s'agit ». Tina Barney ne trahirait donc pas les siens.

D’où vient pourtant cette impression de presque malaise devant ses photos ? Peut-elle faut-il se souvenir que son grand modèle n’est autre que le photographe allemand August Sander  et comprendre alors que l'impartialité dont elle se réclame soit plutôt à entendre au sens du mouvement de la "Nouvelle Objectivité" dont Sander était proche (comme l'avait révélé l'exposition du Centre Pompidou en 2022  https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/dEOe6u0).

Tina Barney le reconnaît elle-même, il y a dans ses images une forme de déséquilibre ou de froideur qui nous tient face à elles comme à la lisière d’un monde qui s’offre dans son étrangeté radicale et violemment classiste. Il y a vraiment de quoi être troublé.





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