« Nous pataugeons tous dans nos incohérences, nos lâchetés, nos renoncements, nos bravoures ou nos victoires (…) C’est bien ce qui fait toute la complexité de ce fameux système, formé par des êtres humains aux motivations souvent peu claires, voire contradictoires ».
Samir Toumi n’est pas un inconnu dans le champ littéraire algérien. Il a déjà offert deux œuvres chez le même éditeur de ce nouveau roman : en 2013 un récit, Alger, le cri et, en 2016 un roman, L’Effacement. Celui-ci a été adapté au cinéma par le réalisateur Karim Moussaoui. Il a une formation d’ingénieur polytechnicien et une passion pour les arts et la littérature. Il vit à Alger. Dans son article sur le roman de 2016, Myriam Kendsi soulignait sa passion pour l’art de la photographie : « Il n’en finit pas de parler de sa ville dans ses romans, mais aussi par ses photos. Les paysages sont ceux de la Méditerranée, une lumière, une beauté, une violence des couleurs, des contrastes (…). C’est cette lumière que Samir Toumi saisit lorsqu’il photographie Alger dont il cherche l’intériorité (…) mais sans faire l’impasse de la beauté, de l’esthétique et être tenté parfois par « l’effacement » de la laideur. (…) C’est un écrivain qui photographie la mer après le ciel, le ciel après la mer. Et voilà un vent qui souffle, des nuages qui magnifient le paysage et installent la mélancolie. Le ciel, la mer, l’oiseau attendent la plainte de l’aube que seul le promeneur solitaire saurait entendre et capturer ». (« En Algérie, l’enfer ce sont " les pères " - Samir Toumi, écrivain et photographe », 2 mars 2018, https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/en-algerie-l-enfer-ce-sont-les-peres,2299)
Ce roman de 2016, L’Effacement, m’avait beaucoup marquée par son écriture et la thématique traitée : une variation vertigineuse sur le thème du double et de l’homme qui perd son ombre, il était une accusation du/des père.s, résistants durant la guerre d’indépendance, apparatchiks prédateurs et profiteurs après 1962. Le second fils perd progressivement son reflet, jusqu’à son effacement total et sa fusion dans l’image intériorisée du père. « Lorsque je lui ai confié que je n’avais plus de reflet, il m’a répondu que ce n’était pas utile, car je l’avais, lui. [...] Quand j’ai évoqué mes absences et la disparition de tous mes souvenirs, il a haussé les épaules. Tu as les miens, m’a-t-il rétorqué, ils sont bien plus riches et intéressants. J’ai une guerre à t’offrir, une fabuleuse victoire, et la construction d’un immense pays, que demander de plus? Je te les donne, mes souvenirs, ils sont tiens. J’ai remercié papa, et lui, m’a caressé les cheveux [...]. Je suis le Commandant Hacène, glorieux moudjahid de l’Armée de libération nationale, valeureux bâtisseur de l’Algérie indépendante».
Amin, une fiction algérienne a une toute autre tonalité qu’annonce une couverture très suggestive. Si le précédent laissait croire – peut-être à tort ? – à une inspiration autobiographique, rien de semblable dans ce second roman. Voilà un roman qui se lit d’une seule traite, bien écrit et astucieusement construit, ménageant surprises et interrogations jouant en trompe-l’œil de différents genres : polar ? Non, il n’y a pas vraiment de victime ; espionnage ? peut-être ; socio-fiction ? pourquoi pas…
La citation privilégiée de Malek Haddad, quatre vers du Malheur en danger, donne au moins une atmosphère :
« Il pleut sur ma patrie, la mort et la légende
Il suffit d’un épi pour que chantent les blés
Il suffit d’un moment pour que la nuit descende
Et aussi d’un moment pour que le jour soit né »
Elle m’a fait penser à cette célèbre citation d’Aimé Césaire : « N'y eût-il dans le désert qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas, dans le désert n'y eût-il qu'une graine volante qui rêve tout haut ». Toutes deux nous invitent à croire à un renouveau possible quelle que soit la situation présente désastreuse et bloquée.
Le roman se décline en trois parties de longueur tout à fait inégale. La première partie de neuf chapitres est celle qui m’a fait penser à une socio-fiction (142 pages) par la radioscopie de la société algérienne, côté nantis. La seconde partie de trois chapitres est plus réflexive et porte sur le processus d’écriture et nous dévie complètement de la socio-fiction vers un roman interrogeant le processus de création (36 pages). La troisième partie enfin de huit chapitres courts (48 pages) est le dénouement : dans un contexte défavorable faut-il passer à un autre projet ? Polar, espionnage et socio-fiction tombent à l’eau : le lecteur est projeté dans une attente d’une écriture à venir. L’épilogue fonctionne comme certains films consacrés à une histoire un peu compliquée et où on donne au spectateur des informations sur le devenir des personnages que l’on a suivis dans la fiction.
Le roman s’ouvre, d’entrée de jeu, dans le vif du sujet en nous plongeant dans une soirée recherchée par une certaine population algéroise : une soirée chez Djalil à laquelle se rend le narrateur un certain Djamel B, écrivain connu sur la place mais qui semble en mal d’inspiration. Il est accosté par un invité un peu mystérieux, Amin, qui l’appâte avec une simple phrase, « j’ai beaucoup de choses intéressantes à vous raconter »… Et dès le lendemain, les deux hommes se rencontrent à l’Hôtel Saint-George : cet Amin connait tout de Djamel, ce qui le rend un peu méfiant mais pas suffisamment. On a alors un portrait du monsieur :
« Pendant qu’il me parlait, je l’observais attentivement. Il devait avoir la cinquantaine, sa voix était légèrement rauque, ave peu de modulations. Son regard n’était pas fuyant, sans pour autant être direct et franc. J’avais du mal à percevoir ce qu’il ressentait ; il y avait comme un décalage entre la gravité des propos qu’il tenait et le flegme dont il faisait preuve. Sa gestuelle était précise, sans amplitude, et ses mouvements, quoique rares, s’enchainaient avec souplesse. Son français était parfait, sans accent particulier, avec un vocabulaire riche et des phrases élaborées, révélant des origines sociales probablement bourgeoises et un niveau d’instruction élevé. Le personnage dégageait peu de charisme ; j’aurais pu le croiser maintes fois, dans un contexte professionnel ou mondain, sans même le remarquer ».
C’est l’exemple même de ces portraits arrivant à point nommé quand ils sont nécessaires à l’avancée de la narration ; véritable art que sait déployer le romancier qui croque un personnage et nous fait sentir sa fonction et ses masques dans ce monde des représentations et des illusions où l’écrivain va naviguer sous la ferme incitation d’Amin. Ainsi à intervalles réguliers et au gré des rencontres, des portraits des personnages essentiels et des retouches pour des portraits déjà dessinés animent la fiction lui donnant sa crédibilité. Ce sera le cas pour Djalil B, pour l’homme d’affaires Abdelkader, pour Madame Samira, pour El Hadj Akli et pour le puissant Mohamed. Ces différents personnages sont campés dans un cadre précis, reflet de leur mode de vie souvent en concordance mais parfois aussi en discordance comme c’est le cas d’Amin, suggérant la complexité d’un caractère. D’appartements luxueux en villas somptueuses, de voiliers en voitures aux vitres aveugles, le roman déplace le lecteur dans les lieux du pouvoir que donnent, au moins pendant un certain temps, les affaires, la corruption et l’argent.
Un peu méfiant tout de même, Djamel B lorsqu’il rentre chez lui, fait des recherches sur internet pour essayer de savoir à qui il a à faire et découvre pour l’un ou l’autre « des pratiques frauduleuses courantes dans la sphère économique du pays ». Il découvre « le réel. Un réel brutal et désespérant ». Les malversations expliquées ne sont pas le plus du roman car le roman algérien mais aussi les romans d’autres pays nous les ont rendues assez familières. De façon habituelle, le roman préfère sonder le mal plutôt que le bien. C’est le passage obligé de récits flirtant avec le roman noir, le policier ou l’espionnage. Ce qui retient plus l’attention, c’est la construction très concertée de l’intrigue.
Dans la première partie, de façon assez classique on a, dès l’amorce, présentation des protagonistes – le romancier et son informateur tombé du ciel – puis le contrat et son acceptation qui entraîne quatre visites exemplaires de ce qu’Amin voudrait que cet écrivain dénonce : la première visite est faite à l’homme d’affaires Abdelkader (apparaît déjà Madame Samira) ; la seconde visite à El Hadj Akli en Kabylie (nous y reviendrons) ; la troisième visite chez Madame Samira dans sa villa à Moretti où elle donne des soirées très courues ; la quatrième visite sur le voilier de Djalil, le même Djalil à la soirée duquel il avait rencontré Amin. Entre chaque visite, on a une séquence plus réflexive où, seul ou avec Amin, Djamel débriefe ce qu’il vient de vivre : réflexion sur les contradictions algériennes, sur le statut de romancier pour finir par une mise en garde brutale de Djalil contre l’écriture de ce roman.
La seconde partie est celle du stand back : on partage les aléas et les bonheurs de l’écriture : « Face aux mots, l’univers se rétrécit et confine l’écrivain à cet espace blanc, qu’il s’évertue à dilater, en l’emplissant de vie ». C’est aussi la mise à distance d’Amin par le biais de l’invitation de Madame Samira qui n’est plus en position de force mais en service commandé par plus puissant qu’elle. Elle permet à Djamel de prendre un peu de recul par rapport à son projet sans y renoncer. Les trois chapitres qui le composent sont des mises en garde explicites. Il finit par tout raconter à Amin qui le tranquillise, sans doute un peu trop ! Il aurait dû se méfier d’un passionné du jeu d’échecs… Il s’est posé la question de qui est marionnettiste, qui est marionnette, sans se l’appliquer vraiment.
La troisième partie est une accélération car même si elle se compose de huit chapitres, ils sont très courts et conduisent le roman, au pas de course, à son dénouement. Dans cette accélération, Amin disparaît, El Hadj Akli meurt de sa belle mort, Djalil se moque de la naïveté de Djamel et perdant sa bonhomie, lui ordonne d’effacer son roman. Le fera-t-il ? Comment un romancier peut-il se séparer de son « enfant » ?
Cette fois, le romancier nous sort de toute incertitude quant au genre littéraire visité. Le sujet profond d’Amin, une fiction algérienne, apparaît : ce sont les aventures et les déboires d’un écrivain algérien d’aujourd’hui aux prises ave l’actualité. Djamel a été un écrivain reconnu et même adulé auquel on a prêté un militantisme qu’il n’a jamais éprouvé ni exercé. Mais une fois sa réputation faite, elle s’est construite par effet boule de neige :
« je n’ai jamais été un citoyen engagé. Indifférent à mes semblables, je ne conçois aucun intérêt pour le fait social ou politique. Je ne signe aucune pétition, ne réponds pas aux sollicitations des organisations caritatives, et j’évite de me prononcer sur la situation du pays. Je suis né privilégié, et le suis resté. Je considère que ma position sociale ne me donne aucune légitimité pour commenter quoi que ce soit, ou, peut-être, est-ce simplement l’alibi intellectuel que je me suis forgé pour justifier ma lâcheté ? »
Malgré ses dénégations, tout le monde croit qu’il a bien écrit le « livre explosif » que la rumeur a colporté et qui fait peur « en haut ». Le romancier s’en donne à cœur joie et avec humour sur l’absence de maîtrise qu’il a sur sa réputation et ses performances. Inutile de dénoncer pour faire tomber des têtes : des arrestations s’enchaînent dans le milieu « politico-affairiste », Amin disparaît et Djalil, après avoir éclairé Djamel sur le pot aux roses – « les rats quittent toujours le navire en premier » –, disparaît lui aussi sur son voilier en longue croisière en Méditerranée ! Tout se calme : « Autour de moi, tout le monde semblait frappé d’amnésie. Comme les médias, le microsome était passé à autre chose, et poursuivait son rythme immuable, entre mondanités, fêtes, business et histoires d’amour et de sexe ».
On ne peut que louer l’extrême efficacité de ce roman que l’on ne quitte qu’une fois la lecture terminée. De trompe-l’œil en trompe-l’œil, il joue avec le lecteur, campant un narrateur-romancier que sa candeur protège, tout en lui donnant le premier rôle et en lui faisant écrire un roman qu’il efface mais, néanmoins, écrit ! L’exergue, emprunté au psychiatre-psychanalyste Ronald D. Laing aurait pu nous avertir… :
« Si je ne sais pas que je ne sais pas
Je crois que je sais
Si je ne sais pas que je sais
Je crois que je ne sais pas ».
Sous couvert de nous entraîner dans la fabrication d’un roman noir iconoclaste, Samir Toumi nous entraîne dans les dédales de l’écriture en nous faisant suivre la constitution de la réserve nécessaire de personnages et de situations, mais aussi les difficultés de la mise en mots, de l’édition et les retombées une fois le livre publié. D’où le poids de chaque mot du titre dont « une fiction algérienne » et le choix de la citation de Malek Haddad avant l’épilogue. C’est par peu d’allusions et explicitement en fin de récit qu’on donne la période où cette histoire se passe : lorsque Abdelaziz Bouteflika a annoncé qu’il se présentait pour un 5ème mandat en 2019.
Ce qui en fait aussi la valeur est l’alternance de personnages, jamais totalement négatifs, complexes, excepté peut-être Madame Samira et Mohamed, plus en faux-fuyants qu’en vérités. L’introduction, au chapitre 6 de la première partie, de la visite en Kabylie à El Hadj Akli est une bouffée d’oxygène : elle intervient en totale opposition avec la visite précédente et met en présence d’un « grand commis de l’état » honnête, qui a connu beaucoup de déboires et qui avoue : « Dès que je pense à notre pays, le chagrin m’envahit (…) Avec le temps, je suis passé progressivement de la colère au désespoir ». Et même si Djamel, en le quittant, se dit : « J’ai rencontré un Don Quichotte algérien, émouvant mais tellement inefficace, aujourd’hui désabusé et brisé », il nous transmet son admiration pour ce type d’homme qui a construit aussi le pays.
Enfin l’autre constante qui frappe à la lecture, ce sont ce que je nommerai des flashs descriptifs plus ou moins longs. Le récit a pour cadre principal la ville d’Alger, toujours magnifiquement évoquée vue de haut.
Mais les lieux nouveaux où le luxe ostentatoire cohabite avec des constructions inachevées et des gravats ne manquent pas. Dans ces flashs descriptifs, cohabitent souvent un avant et un après dans le regard de Djamel. Les personnages se déplacent dans d’autres lieux et le lecteur savoure la beauté de certains et partage la répulsion du narrateur pour d’autres, comme le départ vers le Club des pins et Moretti ou la visite de Sidi Fredj, « lieu lugubre et affreusement dégradé ». Donnons-en deux exemples.
De la terrasse de chez Djalil : « Je voulais juste contempler les lumières clignotantes de la ville, ne penser à rien, et compter les bateaux assoupis sur l’eau, formant comme une guirlande luminescente dans le noir »
Dans la voiture d’Amin, en montant en Kabylie : « Autour de nous, la montagne dévoilait ses magnifiques courbes et, au loin, son alternance de crêtes, où s’agrippaient de minuscules hameaux. Sur plusieurs kilomètres ont alterné grisaille humide, brumes épaisses, séquences de ciel dégagé et de soleil radieux, comme une traversée de nuages en avion. J’étais époustouflé par la beauté du paysage ».
Pour finir cette présentation, j’aimerais rappeler une nouvelle écrite par Samir Toumi dans le collectif, J’ai rêvé l’Algérie (Barzakh, 2020), « La balade du centenaire » où il imagine une promenade dans Alger, sa ville. La période évoquée est celle qui suit celle du roman. Cette nouvelle condense bien combien Alger est une actrice essentielle de son écriture et de ses photographies.
La promenade démarre à « la place du 22 février » dont l’appellation commémore le 22 février 2019, [début du Hirak] ; centenaire, donc nous sommes en 2119. Le narrateur rappelle combien ce 22 février fut une naissance pour lui et une renaissance pour ses aînés, « enfants désabusés d’octobre 1988 ». Il en rappelle l’énorme élan mais aussi l’explosion, la durée, les arrestations et les provocations. Mais « notre arme ultime, le pacifisme, finit par triompher et un véritable régime démocratique fut instauré »… le premier rêve s’affirme ! Car le pays dont il parle, c’est « l’Algérie d’aujourd’hui, celle où je vis un heureux crépuscule, et où mes jeunes compatriotes envisagent, avec sérénité, leur avenir ».
Ce vieillard heureux décrit la place qui ne connaît plus le trafic infernal et mortifère qui était le sien. Les transports ont changé : « il n’y a que des solarocyclettes, des électroplanches, ces capsules autonomes et des sunshineboards », nouveaux véhicules fonctionnant tous à l’énergie solaire. Ce qui n’est pas étonnant puisque Alger est devenue « une référence écologique mondiale »… !
Poursuivant son rêve, le narrateur rappelle le nom de la waliya d’Alger (préfète), Selma H., actrice de ce changement, il y a bien des années. On reconnaît aisément le nom de l’éditrice, Selma Hellal à laquelle est rendu ainsi hommage. Elle a été aidée par « le tout-puissant Parti écologiste algérien, le PEA ». Il s’arrête Place Maurice Audin face au « Lampadaire Khaled Drareni ». L’architecture et le mobilier urbain sont futuristes et, outre la description, il glisse une petite bio. de Drareni – journaliste arrêté, encore en détention quand la nouvelle s’écrit –, sa libération et son devenir. Il emprunte ensuite la rue Didouche Mourad et fait admirer « la végétalisation totale des façades, des terrasses et de la rue ». C’est une véritable débauche d’arbres et de plantes, de jardins suspendus, de fontaines et d’oiseaux ; plus d’animaux domestiques, ils sont en liberté. On arrive à la cathédrale du Sacré-Cœur qui a conservé sa fonction, après avoir dépassé l’immeuble 90, « enchâssé dans un immense cube de verre » qui capte l’énergie solaire et permet ainsi aux lézards de se chauffer sur ses parois. Ainsi, l’Algérie a définitivement tourné le dos « à la destruction de la biosphère » et elle est une fédération très active parmi les quatre fédérations réorganisant le monde. Le capitalisme a été progressivement rogné au profit d’une organisation sociale et politique contre le profit et pour l’égalité. Le chemin pour ce fédéralisme a été long car il fallait éliminer l’exclusion et l’éradication des migrants. Le racisme est désormais passible de prison.
En dessous de la Basilique du Sacré-Cœur, tout un complexe culturel a été installé. Mais le vieillard commence à être fatigué et renonce à sa promenade à pied. Il monte dans une capsule pour aller admirer la ville du haut de l’Aérohabitat dédié désormais aux artistes. Chaque étage porte le nom d’une grande figure du Hirak. Il est devenu « le parfait point de rencontre des engagements culturels et politiques ». Il est tard, la capsule le conduit au square Port-Saïd où il habite depuis de longues années. Il survole la ville qu’il aime tant : « J’ai l’impression de contempler des millénaires de souffrances, de combats et de douleurs, mais aussi d’espoirs et de victoires, si profondément inscrits dans le relief de la ville ».
On voit combien l’imaginaire de Samir Toumi offre à la fois le réel et son rêve.
Notons que, pour une plus large diffusion, Amin une fiction algérienne va être co-édité avec les éditions Elyzad de Tunis, concrétisant dans le paysage éditorial en français un dispositif de collaboration inédit : un tandem d'éditeurs "du sud" décidés à inventer une autre manière d'exister dans le paysage éditorial.
Samir TOUMI, Amin une fiction algérienne, Alger Barzakh, octobre 2024, 247 p.