top of page
Photo du rédacteurPierre Parlant

Patrick Beurard-Valdoye : Les mots pour dire la « fable vraie »


Patrick Beurard-Valdoye : « Récitclage Lamenta des murs » ; collage final réalisé à partir des sources documentaires préparatoires à l’ouvrage


Il y a des mots et des significations qui savent tenir leur promesse. Cycle est de ceux-là. Lorsqu'en 1985 Patrick Beurard-Valdoye entreprend avec Allemandes (MEM / Arte Facts) l'écriture de ce qui sera le premier moment de ce qu'il nomme le « Cycle des Exils », il donne raison à l'intuition qui l'a traversé moins de dix ans auparavant lors d'un séjour à Cork, en Irlande : il sait qu'il sera poète. Par-delà la mention de ce trait biographique, on ne peut qu'être frappé par le fait que le livre qu'il vient de publier, Lamenta des murs, lui-même conçu comme le dernier du cycle en question, trouve précisément son ancrage et son plan d'achèvement en Irlande. Avec lui, sur le lieu même d'un envoi décisif, le Cycle vient donc se se clore, faisant au passage du nombre de ses volumes, le 8, le signe d'un infini redressé.

            Comment rendre compte aujourd'hui de cette œuvre singulière qui compte près de 3000 pages, sinon en disant qu'à l'occasion de chaque ouvrage[1] que le Cycle aura supposé, Beurard-Valdoye n'a cessé d'explorer et de mettre au jour en langue, elle-même travaillée au plus près de ses ressources d'invention et de déphasage, ce qui, dans la mémoire de l'Europe, de n'avoir ni été dit ni même perçu, exigeait justement de l'être. Qu'il s'agisse des persécutions subies par les huguenots au XVIe et XVIIe siècles (Allemandes, 1985), de la figure de Jeanne d'Arc (Diaire, 2000), de suivre la Meuse de sa source jusqu'au bras de mer de Hollande où elle finit par se jeter (Mossa, 2002) ou de rappeler la condition des prisonniers de la « Grande Guerre » (La fugue inachevée, 2004) ; qu'il faille à la fois retracer le parcours et montrer la puissance subversive d'un artiste tel que Kurt Schwitters (Le narré des îles Schwitters, 2007), faire du mode d'existence nomade des tsiganes le paradigme pour penser la pratique artistique (Gadjo-Migrandt, 2014) ; ou bien que s'envisage l'histoire de la construction de l'Europe, et avec elle celle de la folie telle que Foucault l'avait examinée, c'est toujours l'occasion pour le poète de solliciter plus d'un mode d'écriture — enquête, fiction, poème, épopée — et de croiser les trajets de figures exemplaires — notamment Arthur Rimbaud, Louise Michel, Hölderlin, Paul Celan, Stefan Wolpe, László Moholy-Nagy, Jean-Paul de Dadelsen, Hilda Morley, Hilda Doolittle, Charles Olson ou encore Gudrun Ensslin —, lesquelles apparaissent certes en tant que telles, mais aussi bien pour éclairer des silhouettes et des noms dont nous n'avons plus idée. Et c'est sans doute là que le projet du poète s'avère le plus audacieux et le plus efficace. Mandelstam, on le sait, nous rappelait qu'« en poésie, c'est toujours la guerre ». Chez Beurard-Valdoye, l'ennemi est d'emblée clairement perçu et désigné, c'est l'amnésie ou, pire encore, la tentative de forclusion dont il arrive que le discours historien soit un servant zélé. Et à présent,  avec Lamenta des murs, l'ultime mouvement du Cycle, c'est tout bonnement l'énoncé de l'éthique des arts poétiques qui nous est livré : « les poètes devraient fonder un conservatoire des noms disparus ».

            En se rendant ici ou là, en marchant au plus près de ce qui eut lieu, en consultant les archives, en fréquentant les œuvres, en rencontrant mille et un témoins sans cesser d'être attentif à l'actuel — le drame des exilés et des réfugiés d'aujourd'hui —, il n'est pas impossible que Beurard-Valdoye ait finalement été en quête, obstinée et patiente, d'une sorte de « quasi texte » dont il pressentit dès le début l'existence. Tantôt littéral, tantôt partiel, voire effacé à même les choses, souvent dans le défaut même de leur inscription, ce « quasi texte », encore latent, ne pouvait qu'envelopper une intrigue puissante dont le poème aurait à se saisir. Ce qu'il fit.

            Rien d'étonnant à ce qu'au fil des pages de Lamenta des murs, comme des autres ouvrages, nous revienne de nouveau en mémoire une remarque de Paul Ricœur dont le sens et l'enjeu coïncident on ne peut mieux avec ceux du « Cycle des exils » : « Nous racontons des histoires parce que finalement les vies humaines ont besoin et méritent d'être racontées. Cette remarque prend toute sa force quand nous évoquons la nécessité de sauver l'histoire des vaincus et des perdants. Toute l'histoire de la souffrance crie vengeance et appelle récit »[2].

 

                                                                                                                                  Pierre Parlant

 

 

 

            Signalons qu'au Centre International de poésie Marseille aura lieu du 18 mai au 9 août 2024 une exposition consacrée à l'ensemble du travail qui, de 1982 à 2024, aura accompagné la conception et l'écriture du « Cycle des exils » de Patrick Beurard-Valdoye.

 

Cipm     2, rue de la Vieille Charité    13002 Marseille

 

 

 



Maison où Antonin Artaud résida en 1937 sur une île d’Aran

 

 


Avec Lamenta des murs, le huitième volume de l'ensemble, se clôt ce que vous avez nommé le « cycle des exils » et que vous aviez commencé en 1985. Une fois encore, cela ne surprendra pas vos lecteurs, la conception, l'écriture du poème et l'agencement du livre auront supposé le voyage, l'exploration des lieux, les rencontres, la recherche in situ, le patient recueil de témoignages, la constitution d'un corpus de documents et la consultation d'archives. Face à un tel élan et une telle énergie, dont on sait la promesse, on peut s'étonner de lire en quatrième de couverture qu'il y a cependant « partout des murs ». Tout cela prend un autre tour grâce à une remarque de Charles Olson que vous placez en exergue de la section RÉCEPTACLES À SECRETS DU MUR IRLANDÉ : « Par Histoire, j'entends savoir, mais réellement savoir. […] Il ne faut rien laisser à l'abandon. Il y a un mur, il faut s'y heurter de front » (p. 227). Quels sont donc et de quoi étaient faits les « murs » contre lesquels la conception et la composition de ce livre durent se heurter ?

 

Partout des murs en effet, et des murs dans nos têtes aussi. Certains murs sont « constructifs ». Emile Zola : « un livre c’est une pierre, vingt livres c’est un mur. »

Dans le bâti, j’ai plutôt construit des maisons de lignes, ou maisons de mots, sortes d’hétérotopies virtuelles basées sur le pavillon ou la cabane d’écrivain, orientées toutefois vers la mobilité. Des roulottes me protégeant des esprits identitaires ou fonciers.

Le premier livre du « Cycle des exils », Allemandes, a été écrit au pied du mur de Berlin dans les années 1980. Mais tout avait commencé dans ma tête avant, en Irlande, avec le terrible « mur de la paix ». J’y suis retourné pour Lamenta des murs. Une grande partie de Flache d’Europe a pour cadre Chypre, avec la ligne de séparation, aimablement nommée « ligne verte » (que l’on retrouve sur le dessin de couverture de Dimitry Orlac). Et je suppose que chacun verra l’allusion avec mon titre Lamenta des murs. Sans parler des murs d’enceinte aux frontières européennes.

Dans ce livre, un mur de la honte se met à pleurer et se révolte contre l’accueil des réfugiés. Cela m’a fait penser à l’installation de l’artiste Ann Hamilton, « The tearing Wall ». Des gouttelettes, comme des larmes, perlent d’un grand mur.

Un mur auquel je me suis heurté parfois – et particulièrement pour ce livre – est ma propre incapacité au dépassement, physique et mental ; ce moment où, sur le terrain, dans l’enquête et pourtant à deux doigts d’aboutir, épuisé j’allais renoncer. Sur une des îles Aran, la maison où avait séjourné Antonin Artaud en 1937 – on ne savait pas où elle se trouvait – devait être mon point d’ancrage nécessaire à l’écriture. Mais impossible d’atteindre les derniers témoins qui auraient su où. Je me suis résigné.

Or, sur le chemin du retour vers mon logis, j’aperçois une maison de forme octogonale (il n’y en a qu’une sur l’île). Là, soudain, j’ai l’intuition qu’il me faut frapper à la porte une ultime fois. Je retrouve donc mon énergie, l’homme me fait entrer, et au bout de dix minutes, il me dit : « la maison est celle que vous voyez là-bas par la fenêtre ».

De plus elle était abandonnée. Je m’y suis rendu, et ai trouvé la porte arrière au sol. J’y suis entré, un peu inquiet. Les murs semblaient avoir des oreilles et une bouche. Les meubles et des objets étaient de l’époque d’Artaud. Et une momie de chat m’attendait au pied du poêle. Vous savez l’importance des momies et des chats pour Artaud, n’est-ce pas ?

 


Évoquant un échange avec un vieil horloger, et comme s'il fallait en tirer une maxime de portée générale, vous écrivez ceci : « il faut trouver les mots pour dire la fable vraie, traduire les actes en phrases » (p. 222). Façon peut-être de rappeler au poète les impératifs majeurs qui, simultanément, étayent son désir et orientent son geste. Il va de soi qu'il y aurait beaucoup à penser et à dire à propos de cette « fable vraie » et de cet acte de traduction. En attendant, prenons ici l'exemple d'Illich et de son argumentaire contre l'institution scolaire et sa norme mortifère, comment vous y êtes-vous pris pour « trouver les mots » capables d'exposer ce qu'il en est de cette impeccable « fable vraie » ? 

 

La « fable vraie » provient de ma lecture du Narrateur (ou Raconteur) de Walter Benjamin. Il met en évidence les deux notions de « plausible » (l’information) et de « merveilleux » (le conte, mais implicitement aussi, j’en suis convaincu, le poème). Je l’emploie pour qualifier mon écriture. Je ne serai pas le premier à injecter les deux notions dans une démarche.

Prenons l’exemple en effet d’Ivan Illich, d’une impeccable et implacable rhétorique. Mon principe poétique, élaboré peu à peu au cours du « Cycle des exils » est l’empathie. Plutôt que de commenter, ou analyser un texte, je tisse un réseau d’informations concordantes, un entrelacs — qui s’apparente plus à un collage qu’à un montage — entre des bribes d’idées développées, les paroles d’Illich, ses actes, son vécu, les interactions avec d’autres protagonistes, et la géographie où cela se déroule. Je le suis et le poursuis, station par station. Et je mets en relation ses pas avec des événements antérieurs, qui finiraient par devenir concomitant.

Illich est l’un de ces êtres « fabuleux » — un modèle — comme l’est cet horloger nonagénaire modeste qui s’est occupé durant sept ans de réparer ma vieille montre. C’est-à-dire que plus vous vous approchez d’une telle personne, plus vous avez le sentiment que votre écriture est à son service, en même temps qu’elle s’en éloigne, pour l’intégrer dans une complétude. Je ne suis qu’un récepteur qui met en forme, et si possible au présent. J’ai pris le temps, avant de me consacrer dans un livre précédent à Kurt Schwitters, de m’assurer que rien ne « clochait » en lui : pas de compromis veule ; pas de trahison. Sans quoi je n’aurais pu écrire.

Ce qui m’a passionné avec Illich — avec est important — était comment il avait transmis par la parole ; comment il avait mis en application ses préceptes ; puis comment il reconsidérait trente ans plus tard ses pamphlets (notamment le prophétique Némésis médicale : l’expropriation de la santé). Enfin, selon une approche agnotologique, comment nos sociétés sont parvenues à organiser la méconnaissance quasi complète de la pensée d’Illich durant trente ans, à en faire un monstre que l’on n’ose plus citer. Car il y a chez moi le désir de contribuer à réparer l’oubli, ou à m’insurger du manque de considération de ces grandes figures.

L’on connaît fort mal ses recherches de la grande maturité, qui sont aux parages de la poésie. Ce fut une découverte pour moi d’observer que la pensée d’Illich avait évolué vers le poème. N’est-ce pas bouleversant de voir que le théologien catholique latin — qui qualifia l’église de putain — en vient à la nécessité de lire et citer Paul Celan et Rosa Ausländer qui, tous deux, comme vous le savez, viennent d’une famille juive de Czernowitz, exactement comme les grands-parents maternels d’Illich. Ou qu’il y a un tressage possible et improbable entre lui, et son université libre au Mexique, et Antonin Artaud. Ce qu’un essai à vocation scientifique peut difficilement, le poème invente la méthode qui permet ces « concordances » étranges. C’est même sans doute une de ses vocations. La veuve d’Illich, l’historienne de la médecine Barbara Duden, m’a encouragé dans cette voie. Peut-être un jour lira-t-on des poèmes d’Illich, comme on lit désormais enfin les sonnets de Benjamin ?

 


Au fil des pages de Lamenta des murs on croise beaucoup de monde, des inconnus, des personnes oubliées — André Leducq, par exemple, vainqueur du Tour de France en 1930 et 1932 —, mais également des figures illustres telles que celles, plus que nécessaires, de James Joyce, d'Antonin Artaud et celles, assez inattendues, de Joseph Beuys et d'Ivan Illich. Si leur présence peut s'expliquer ponctuellement, il semble que vous les sollicitez aussi au nom d'une puissance qu'enveloppe leur singularité créatrice. Si bien que plus d'une fois, sous leurs noms propres et par-delà tout biographème, on croit apercevoir ce que Deleuze appelait des « personnages conceptuels », à savoir d'authentiques opérateurs dont la fonction serait ici de permettre et d'accompagner le mouvement du poème. Est-ce ainsi qu'ils vous apparaissent, ainsi qu'ils se distinguent des autres noms présents dans le livre ?

 

Les noms propres peuvent avoir en effet, dès Allemandes, fonction d’opérateurs. Les patronymes, et encore plus les toponymes. Ils permettent une relance du rythme, de l’énergie ou du mouvement. Ils peuvent avoir fonction de ponctuation. Ou d’entrave au récit. Ils sont aussi des raccords à distance, jouant sur les différentes mémoires de la lectrice ou du lecteur. Enfin, les noms propres, par leur fréquence, contribuent à traduire les noms communs en « lieux propres ». A leur donner du relief.

La présence en Irlande de Joseph Beuys, comme celle d’Ivan Illich, peuvent surprendre. Ayant travaillé avec sérieux sur l’œuvre de Beuys — dans une « autre vie » comme critique puis historien d’art, avant d’en faire un protagoniste dans trois des volumes du « Cycle des exils » — je peux dire que mes recherches se sont orientées avec bonheur vers une terre longtemps délaissée : l’Irlande. Ce qui me préoccupe dans Lamenta des murs, c’est le pédagogue mettant au point un mode de transmission d’une expérience artistique, basée sur l’énergie et la forme de la parole. A Düsseldorf bien sûr, mais ensuite, dans le cadre de son Université internationale libre pour la créativité, dont les deux pôles sont une Documenta à Kassel (bien connu des spécialistes) et Dublin, Belfast et Cork (mal connu). C’est par exemple en Irlande qu’il va mettre au point la logique de ses tableaux-conférences. Il espère même en Irlande du Nord, par sa parole, parvenir à la paix. Echec, bien sûr.

Illich et l’Irlande, ce n’était pas prévu. Illich m’attendait au tournant sur l’île d’Aran. Et quand j’ai découvert ultérieurement que j’avais dormi dans la même maison que lui, où j’ai de surcroît participé à une cérémonie de la pleine lune avec des personnes nourries de culture celte, là où Illich avait assisté à un office druidique célébré par un de ses amis, cela m’a confirmé que j’étais sur la bonne voie. Ce n’est connu ni des spécialistes d’Illich ni des spécialistes de Beuys, que celui-ci a assisté à une conférence du premier dans une université dublinoise, et qu’il fut très impressionné de voir comment l’un et l’autre étaient sur des positions communes, en ce qui concerne la société capitaliste et l’enseignement réduit à une marchandise intangible. J’ai retrouvé une note à ce sujet dans les archives personnelles d’une historienne d’art irlandaise. Cette rencontre inattendue, pour moi d’abord, pour vous ensuite, fut extraordinairement stimulante et énergisante pour construire cette partie du volume qui est en versets, où se côtoient donc, avec Joyce et Artaud, quatre figures prophétiques européennes du XXème siècle.

 


En vous lisant, on ne peut qu'être frappé et emporté par la richesse et l'invention renouvelée d'une langue dont le poème se soutient, ainsi que par la variation concertée des formes empruntées — prose, vers, suites rhapsodiques, notations, etc. — ; une créativité que vous élargissez jusqu'à repenser la forme et l'usage de la ponctuation. La chose est d'autant plus volontaire qu'elle vous incite à affirmer qu' « il faut creuser creuser dans la langue / incanter à grandeur nature / plonger dans l'ombre / nommer et diriger les ombres / sans grands ni gros mots / sans métaphores » (p. 29). Quel lien établissez-vous entre cette décision qui concerne la consistance, la cohérence et le mouvement même du poème et l'intention de l'épopée dont vous vous êtes réclamé dès le début de l'écriture du « cycle des exils » ?

 

Ce que je nomme arts poétiques constitue en effet un élargissement de la poésie. Les arts poétiques situent le politique comme élément de forme, bousculant là une tradition française où le poème est majoritairement apolitique (mais il y a de beaux contre-exemples). Ce n’est sans doute pas un hasard si dans la seconde moitié du XXème siècle, l’épopée avait presque disparu de l’exploration poétique en France (ce n’est pas le cas aux USA ou en Allemagne par exemple). Je mentionnerai a contrario Le fou d’Elsa d’Aragon, ou bien le poème épique en prose Eden, Eden, Eden de Pierre Guyotat, ou encore Orant de Matthieu Messagier,)

C’est que justement, la question de l’autre, du collectif, du nous, et donc du politique, avait été pour ainsi dire exclue du poème, et d’ailleurs, plus généralement, exclue des arts vivants en France, où par exemple toute tentative comparable à celle de Beuys aurait été vouée à l’invisibilité. Comme vous le savez, ce sont les philosophes qui à cette époque ont pris en charge ces questions, et du coup ont englobé les enjeux du langage (incluant ceux de la parole). Ils m’ont accompagnés : Foucault, Deleuze et Guattari, Derrida ; Nancy et Lacoue-Labarthe. Et le fascinant Jean Pierre Faye.

Je suis parfois étonné par le caractère plutôt arrogant de mon initiative à contre-courant à ses débuts. Mais comme le rappelle Charles Olson, le mot arrogant vient de ROG, question. Est arrogant celui qui pose des questions. Je m’en suis posé. L’épopée devint très vite l’outil par lequel je pourrais construire — selon des enjeux de formes et d’expressions qu’il fallait bien inventer — un projet européen à partir des minorités culturelles. Tout fut loin d’être réglé dans les deux premiers opus, lesquels — j’ai l’impression — flottent parfois dans l’utopie d’inventer un univers complexe, par une langue traversée du multiple et de l’hétérogène. Y compris dans l’usage de mots inventés, et de langues étrangères. Le Rromani par exemple dans Gadjo-Migrandt. 





Patrick Beurard-Valdoye, Lamenta des murs, Poésie / Flammarion, avril 2024, 358 pages, 24 euros


Notes

[1]   Allemandes, MEM / Arte Facts, 1985 ; Diaire, Al Dante, 2000 ; Mossa, Al Dante, Leo Scheer, 2002 ; La fugue inachevée, Al Dante, Leo Scheer, 2004 ; Le narré des îles Schwitters, Al Dante, 2007 ; Gadjo-Migrandt, Poésie / Flammarion, 2014 ; Flache d'Europe aimants garde-fous, Poésie / Flammarion, 2019 ; Lamenta des murs, Poésie / Flammarion, 2024.

[2]   Paul Ricœur, Temps et récit, 1. L'intrigue et le récit historique, Points Seuil, 1983, p. 143

Posts similaires

Voir tout
bottom of page