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Margot Giacinti : « Comme beaucoup d’autres femmes, j’ai compris que j’étais tuable » (Le Commun des mortelles : Faire face au féminicide)

  • Photo du rédacteur: Simona Crippa
    Simona Crippa
  • il y a 6 jours
  • 12 min de lecture

Margot Giacinti (c) DR
Margot Giacinti (c) DR


Margot Giacinti, docteure en science politique de l’ENS de Lyon, post-doctorante à l’Université de Lille, retrace dans Le Commun des mortelles : Faire face au féminicide qui vient de paraître aux éditions Divergences, l’histoire de la notion de « féminicide » en France depuis le XIXe siècle, ouvre les archives des procès en analysant des cas pratiques, propose des solutions concrètes pour mieux protéger les femmes : un essentiel. 

Toujours considéré comme un crime conjugal ou passionnel, les meurtres de femmes ont en effet du mal à être pensés comme une violence de genre. Dans les années 1970, grâce aux féministes de la deuxième vague et notamment aux travaux de Diana Russell, le mot « féminicide » s’impose enfin peu à peu, et ressort comme crime politique. Ce qui est une conquête. Pourtant, on compte déjà depuis le début de 2025 en France 37 féminicides. Les causes ? Le poids de la culture patriarcale, la mauvaise prise en charge du système policier et juridique, le manque de volonté politique.

Rigoureux et passionnant à la fois, cet essai montre que le combat pour la reconnaissance du féminicide étant malheureusement un inachevé, doit plus que jamais être au centre des préoccupations sociales et politiques contemporaines, le sexisme et la misogynie qui sont à l’origine de ce crime sont encore aujourd’hui un triste fléau. 

Collateral est allé à la rencontre de Margot Giacinti parce que cet ouvrage est une référence pour mener le combat contre le « terrorisme patriarcal ». 




Vous avez écrit et soutenu une thèse, réalisée au Laboratoire Triangle sous la direction d’Anne Verjus, qui porte sur la question des féminicides en France. Vous publiez maintenant un formidable essai aux Éditions Divergences Le Commun des mortelles. Faire face au féminicide. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à ce sujet ? 


Mon intérêt pour les féminicides est né, d’une part, de l’intuition (partagée avec d’autres !) qu’il manquait un mot et un savoir pour saisir ce qui était alors dénommé « crime passionnel » par la société française ; d’autre part, d’une expérience malheureusement commune à beaucoup de femmes, les violences de genre. En 2014, j’ai eu la chance de partir en échange Erasmus en Norvège. C’est dans le cadre d’un cours de sociologie du droit autour des violences de genre que j’ai croisé le concept femicide (féminicide en anglais) au détour d’un texte étudié. Le concept a été une véritable découverte pour moi, puisqu’il répondait précisément à un questionnement qui faisait écho à des expériences personnelles (« puisque les femmes subissent les violences sexistes et sexuelles parce que femme, sont-elles également tuées parce que femme, et donc pour des raisons différentes de celles des hommes dans nos sociétés patriarcales ? »). Quand j’ai commencé mes études, j’étais déjà féministe, mais la société des années 2010 n’était pas aussi propice au féminisme qu’elle ne l’est aujourd’hui (davantage). Assumant et revendiquant mon féminisme, je n’ai pas longtemps hésité à dénoncer ce qui m’apparaissait comme relevant du sexisme ou des violences. J’ai alors été prise pour cible non seulement parce que femme, mais parce que féministe, par des insultes, mais aussi des menaces de mort directes ou indirectes, visant notamment cet engagement militant. Comme beaucoup d’autres femmes, j’ai donc compris que j’étais tuable et je pressentais déjà que je l’étais parce que femme, mais aussi parce que féministe. D’année en année, je me suis mise à réaliser des recherches, créer une première veille google de mots-clés avec les termes femicide, féminicide, feminicidio, puis, quelques années plus tard, à proposer un projet de mémoire puis un projet de thèse sur les féminicides. Cet intérêt pour les féminicides s’est donc progressivement construit sur plus de 10 ans.




Dans l’histoire du meurtre des femmes, le mot « féminicide » n’a pas toujours été pris en compte ni utilisé, pourriez-vous nous dire comment s’est construit ce terme pour définir et conceptualiser ce crime spécifique, et pourquoi est-il si nécessaire de l’employer ?


Le mot féminicide tel que nous l’utilisons est un terme relativement récent. Pour autant, le fait social qu’il désigne n’est pas nouveau et avait d’ailleurs bien fait l’objet d’une certaine identification par les féministes des XIXe et XXe siècles. En France, par exemple, la dénonciation du meurtre commis sur des femmes s’est faite par la critique de l’excuse d’adultère (article 324 du code pénal français). Cette excuse conduisait l’époux assassin à n’être puni que d’une peine très légère (un à cinq ans de prison, alors qu’il aurait pu, pour ce crime, encourir la peine de mort) et favorisait ainsi la banalisation du meurtre des épouses par leur époux. En Angleterre, les féministes ont attaqué le traitement médiatique des crimes de Jack l’Eventreur, reprochant notamment leur spectacularisation morbide, alors que dans le même temps, les meurtres conjugaux bénéficient d’une indulgence telle qu’ils n’étaient que peu médiatisés. Malgré ces débuts de théorisations, les lectures qui sont majoritaires aux XIXe et au XXe siècles, notamment celle qui fait du féminicide un crime passionnel, empêchent l’émergence de la lecture féministe. Il faut attendre les mouvements féministes des années 1970 pour qu’une seconde période de théorisation commence. Le concept de féminicide est d’abord théorisé par Diana E. H. Russell, universitaire sud-africaine et féministe engagée de longue date contre les violences patriarcales lors d’un évènement transnational important, le Tribunal International des Crimes contre les Femmes s’étant tenu en mars 1976 à Bruxelles. En 1992, elle publie un ouvrage avec sa consœur britannique Jill Radford intitulé Femicide: the Politics of Woman Killing. Cet ouvrage définit le féminicide comme le « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». L’ouvrage rassemble plusieurs articles qui proposent de prouver que des faits très différents, comme les meurtres conjugaux, les chasses aux sorcières, les infanticides sexo-sélectifs, sont bien des féminicides.

Ce qu’on peut souligner ici, c’est que des féministes de différentes époques ont, en leur temps, identifié le féminicide comme un crime structurel, c’est-à-dire un crime si profondément inscrit dans l’ADN de nos sociétés patriarcales, qu’il existe peu de variations de ces crimes d’une époque à une autre. Ainsi le meurtre d’une épouse au XIXe siècle n’est que peu différent dans ses caractéristiques du meurtre d’une épouse au XXIe siècle. Mais alors que certaines époques n’ont pas eu de mot pour nommer ce fait, nous disposons maintenant du mot féminicide ; l’utiliser c’est à la fois s’accorder sur une lecture du crime, celle qui identifie ce fait social comme produit par le genre, mais aussi rendre compte du travail de plusieurs siècles qu’il a fallu aux féministes pour démontrer la pertinence de cette lecture.




Le féminicide a été, et est encore trop souvent « romantisé » pour excuser la violence de la société patriarcale. Le Code Napoléon, héritier du code romain, a, au XIXe siècle, asservi les femmes à l’autorité masculine (le père, le mari) les considérant mineures et incapables d’autonomie. Vous rappelez l’existence d’un article de loi du Code pénal, le 324, qui a en plus légalisé le meurtre de l’épouse, une sorte de « droit à tuer » dites-vous. Comment expliquer cette aberrante institutionnalisation ? Est-ce une autre façon de revenir au Marteau des sorcières, manuel des Inquisiteurs, par ailleurs réédité douze fois à Lyon, lieu où vous ancrez votre recherche de cas pratiques ?


Au XIXe siècle, les jurisconsultes chargés de rédiger les Codes napoléon, code civil et pénal français, adoptent des positions conservatrices, en l’occurrence familialistes. Ils cherchent notamment à protéger la filiation ; en effet, les enfants légitimes du couple marié seront ceux qui hériteront non seulement du nom mais des biens de leur père. Puisque l’épouse est celle qui porte les enfants, il faut donc s’assurer qu’elle engendrera bien les enfants de son mari légitime, sinon, ses enfants ne seront pas ceux du père et ne pourront donc pas hériter. Dès lors, cette excuse a pour fonction de permettre à l’époux trompé et outragé de tuer l’amant et l’épouse, puisque ces derniers peuvent mettre en péril la famille par la production d’enfants illégitimes.

Cette excuse existe donc pour défendre un modèle de société reposant sur l’héritage et la filiation légitime. L’époux ne portant pas les enfants, les jurisconsultes ne voient pas l’intérêt de faire inclure dans cet article une réciprocité (l’épouse excusée d’avoir tuée son époux et l’amant). Il est ainsi reconnu qu’il n’est pas grave pour un homme d’avoir des enfants illégitimes issus d’unions avec d’autres femmes, tant qu’il en a des légitimes avec son épouse légitime.




Sexisme et misogynie sont à la source du féminicide. Sans les féministes du XIXe siècle d’abord, puis celles du XXe et XXIe siècle le féminicide serait-il encore juste une histoire passionnelle, un fait divers ?


On est frappé, dans l’étude socio-historique des dénonciations du féminicide, de la ténacité avec laquelle les féministes ont essayé de dénoncer les féminicides. Hubertine Auclert, en France au XIXe siècle, dans sa rubrique « Féminisme » dans le journal le Radical s’essaie à la mise au travail d’une grille de lecture féministe qui lui permet d’identifier plusieurs types de féminicides. Mais l’originalité de son propos est qu’il ne circonscrit pas le féminicide au seul meurtre conjugal. Il prend en compte par exemple, les morts de femmes produites par les inégalités professionnelles hommes-femmes. Ainsi, Auclert dénonce l’interdiction donnée aux sage-femmes d’utiliser le forceps, instrument réservé aux médecins, dans des cas d’accouchements difficiles. Cette interdiction, dit-elle, amène chaque année la mort de femmes en couches qui auraient pu être sauvées si l’interdiction sexiste n’avait pas existé. Pour Auclert, c’est donc la société patriarcale qui a amené la mort de ces femmes, qu’elle appréhende comme des meurtres. Au XXe et XXIe siècles, les féministes vont lutter contre les lectures qui dépolitisent et individualisent le crime. Elles insistent : ce n’est pas la passion ou le trop d’amour qui amène un homme à tuer une femme, c’est la domination violente qui amène les hommes à tuer les femmes. Le féminicide n’est donc pas un fait divers, une exception, mais bien un phénomène banal et structurel. 




Considérées souvent comme victimes « passives », vous montrez au contraire que les femmes tuées sont de victimes « agentives » prises au piège de ce mécanisme que vous appelez « la mort annoncée ». Le cas de Chahinez Daoud, brulée vive dans la rue par son mari en 2021, est emblématique. Pourriez-vous nous dire pourquoi est-il absolument nécessaire que la police et l’entourage comprennent ce mécanisme ?


Beaucoup de femmes, dont je fais partie, se sont construites avec l’idée que les femmes victimes de violence « s’étaient faites tuer » car elles avaient été réduites à une passivité totale face à la violence des hommes. Cette représentation, très commune depuis les années 1970, a été une telle clé d’explication des mécanismes de violence qu’elle a été reprise dans les campagnes de prévention contre les violences conjugales, comme l’ont montré les travaux de Giuseppina Sapio. Dans les discours institutionnels, cette représentation a conduit à l’injonction faite aux femmes victimes de porter plainte, comme si les victimes étaient en partie responsables de leurs morts parce qu’elles n’avaient pas suffisamment agi avant d’être tuées.

Or l’étude des archives montre que les femmes victimes cherchent bien à survivre aux violences qu’elles subissent, suivant une diversité de stratégies qu’elles vont mettre en place. Ces résistances peuvent être perçues comme de faible intensité : par exemple, le fait de parler des violences subies à une voisine ou à une proche. Mais elles peuvent aussi relever d’actions frontales, comme le départ du domicile conjugal, la demande de divorce, la confrontation avec l’agresseur. Dans l’étude de la dynamique féminicidaire, l’agentivité, c’est-à-dire la capacité d’agir des femmes, joue même un rôle clé. Lorsque les femmes agissent, comme elles le peuvent, ces tentatives de résistances peuvent être perçues comme des transgressions à l’ordre patriarcal. Les victimes sont alors vues comme échappant au contrôle des hommes ; elles deviennent alors des cibles privilégiées de la violence mortelle et le risque qu’elles soient tuées devient plus grand. Ce faisant, il est essentiel que chacun et chacune comprenne qu’une victime qui se met en action (dénonce, rompt, quitte, critique, résiste…) est une victime tuable. Il me semble important d’insister sur la nécessité pour les professionnel·les et pour l’entourage de rester particulièrement mobilisables dans ces moments.




L’expression « terrorisme patriarcal » que j’ai lue pour la première fois dans votre essai, me semble très efficace pour expliquer la logique des violences faites aux femmes : pourquoi est-il important de ne pas réduire le féminicide à la sphère conjugale mais de prendre en considération également les meurtres commis en dehors, comme ceux que vous citez en prenant l’exemple de Jack l’Éventreur ? 


La définition du féminicide est bien « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». En réduisant le féminicide au seul féminicide conjugal, nous perdons une grande partie de l’analyse féministe. Le féminicide touche l’ensemble de la classe des femmes ; il y a différentes motivations qui peuvent amener les hommes à tuer les femmes parce que ce sont des femmes. Ainsi, dans ma thèse, j’ai montré que des femmes peuvent être tuées parce qu’elles ont dénoncé des violences sexuelles subies par d’autres, par exemple des enfants ; elles peuvent être tuées parce qu’elles se sont engagées politiquement et ont mené des combats qui dérogeaient à l’ordre patriarcal, comme l’a montré par exemple le collectif Youpress dans Femmes à abattre. Il me paraît essentiel de penser le féminicide tel que défini pour garder toute la portée heuristique du concept et nous permettre d’identifier de nouvelles manifestations de ce fait qui auraient échappé aux théoriciennes et militantes jusqu’alors. C’est notamment le cas du suicide de femmes lié au fait d’avoir subi des violences conjugales, aujourd’hui nommé suicide forcé.




Votre travail d’analyse sur les cas pratiques est passionnant car il nous offre un accès précieux sur les archives judiciaires du XIXe et XXe siècles et nous montre comment est appréhendé le meurtre de femmes à la fois par la police, la justice et les médias. Comment avez-vous opéré vos choix ? Quel est le traitement que ces instances réservent à la victime et à l’accusé ?


La première étape du travail a été de sélectionner tous les crimes qui mentionnaient le nom d’une femme victime d’homicide ou de tentative. Cette première étape n’a pas toujours été simple, car plusieurs dossiers, notamment d’acquittements, ne mentionnaient pas le sexe de la victime si bien qu’il a fallu procéder en plusieurs temps pour constituer un premier corpus à analyser. Puisque le féminicide n’est pas une catégorie du droit, j’ai dû sélectionner des affaires d’incriminations telles que des homicides ou tentatives, des empoisonnements, des coups mortels ayant donné la mort sans la volonté de la donner. Dans un second temps, j’ai analysé chaque affaire en me demandant si les faits en présence étaient des féminicides. Ce questionnement m’a amenée à un résultat important :  la majorité des affaires trouvées sont bien des féminicides ; autrement dit, très nombreux sont les meurtres de femmes qui sont des meurtres de femmes parce qu’elles sont des femmes. Cette lecture n’est évidemment pas celle des acteurs de la chaine pénale et de la presse dans les époques étudiées. Bien souvent, le procès se joue sur la réputation de ces hommes et de ces femmes. Ainsi, une femme jugée d’une moralité douteuse (parce qu’elle n’est pas mariée, parce qu’elle a des enfants illégitimes, parce qu’elle a eu plusieurs partenaires sexuels), peut se voir dépeinte de manière très péjorative, alors même qu’elle a été tuée. La moralité des hommes fait aussi l’objet de débats et de descriptions, mais leur moralité sexuelle est bien moins investiguée que ne l’est celle des femmes. Ainsi, un homme qui travaillerait régulièrement, bien que violent avec sa conjointe et ses enfants, pourrait être dépeint comme un honnête homme, et de fait obtenir une certaine indulgence de la part des jurés. Cette indulgence est d’autant plus palpable dès lors qu’on suspecte la victime d’avoir trompé son conjoint, qu’il soit son époux ou non. Dans la presse, l’usage du terme crime passionnel à la fin du XIXe et du XXe siècle participe également à héroïser l’accusé, en insistant sur la dimension passionnelle, donc spontanée, du geste. Le « crime d’amour » est alors perçu comme un beau crime, puisque mû par des sentiments nobles, et par opposition au crime laid, par exemple le crime de vol.




Ma dernière question porte sur le traitement du féminicide en Italie. Le cas de Giulia Cecchettin a déclenché une très forte prise de conscience de l’opinion publique, pas seulement parmi les féministes. Le projet de loi annoncé à la veille de la journée internationale du droit des femmes par le gouvernement italien (aucunement féministe hélas) pour inscrire le féminicide dans le Code pénal pourrait-il donner lieu à une plus large prise en charge de ce fléau au moins en Europe ? Pour l’Italie ce serait un grand saut si l’on pense qu’il a fallu attendre 1981 pour que soit abrogé le delitto d’onore (« délit d’honneur »), qui permettait à l’époux d’obtenir une peine de prison atténuée s’il avait tué son épouse adultérine ou l’amant de celle-ci. Pourquoi reconnaître le féminicide comme un crime à part ne mettrait pas en péril l’universalisme des droits ?


Il faut se méfier des récupérations politiques dont fait l’objet le féminicide depuis qu’il est devenu un problème public. Un gouvernement antiféministe peut-il protéger les femmes du féminicide ? Si l’on s’en tient à l’histoire du concept que l’ouvrage propose, la réponse à cette question est négative puisque les orientations du gouvernement italien sont parfaitement incompatibles avec la portée du concept. En 1992, Russell et Radford écrivaient dans le livre fondateur de la notion de féminicide que les avortements illégaux du fait de l’interdiction de l’avortement et de la contraception étaient des féminicides, puisque « le concept de féminicide s’étend aussi au-delà des définitions légales des meurtres pour inclure des situations dans lesquelles les femmes sont amenées à mourir comme un résultat des attitudes misogynes ou des pratiques sociales. »

Dès lors, comment un gouvernement qui s’attaque si fréquemment au droit à l’avortement pourrait-il réellement combattre les féminicides ? On touche ici aux limites de l’inclusion de concept dans le droit ; vidé de leur substance politique, ils ne sont que symboles et n’offrent que peu de possibilités d’améliorer la situation pour les femmes victimes de violences. En soi, le concept n’est pas incompatible avec l’universalisme des droits, puisque le droit fait déjà des différences (une situation de grossesse par exemple qui est une circonstance aggravante dans l’homicide). L’inclure reconnaitrait seulement la réalité des rapports-sociaux femmes-hommes et obligerait, comme cela a été le cas en Belgique depuis 2023 à réaliser des collectes de données et des enquêtes quantitatives et qualitatives annuelles sur les féminicides. Mais il faut encore que la reconnaissance du concept ne soit pas un prétexte à une utilisation antiféministe et raciste, qui romprait entièrement avec ce que les théoriciennes et militantes féministes du XIXe siècles à aujourd’hui cherchaient à démontrer.





Margot Giacinti, Le Commun des mortelles : Faire face au féminicide, Editions Divergences, février 2025, 220 pages, 17 euros

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