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  • Photo du rédacteurChristiane Chaulet Achour

Laure Lévêque : Le monde en son devenir (Le Rouge ou le Noir ?)





En janvier 2023, Laure Lévêque publiait aux éditions Effigi à Arcidosso en Italie, un ouvrage monumental – au double sens, par son nombre de pages, 858 pages et par la matière brassée, 90 œuvres – : Le Rouge ou le Noir ? Quand la fiction futurologique française prophétisait des lendemains qui (dé)chantent - 1800-1975.


Cette somme remarquable doit être signalée aux lectrices et lecteurs de Collateral tant elle constitue une véritable « bible » sur les fictions futurologiques françaises sur près de deux siècles, un livre de référence qui se lit comme une encyclopédie et non comme un ouvrage critique habituel.


Parmi les nombreuses citations mises en exergue à l’ouverture de l’ouvrage et qui en jalonnent la démonstration, celle de Laplace m’a semblé rendre compte de l’esprit qui a pu guider la plume des auteurs futurologues. Notons tout de suite que le lecteur attentif aura vite fait de corriger le qualifiant du sous-titre : c’est bien « fiction futurologique » qu’il faut lire. Plus sérieusement, il s’interrogera sur la sollicitation de Stendhal dans le titre même, transformée par une conjonction de coordination et un point d’interrogation.


Je ne peux prétendre en dominer toute la matière comme on ne domine pas une encyclopédie : on la consulte par différentes entrées, on la pose puis on la reprend. Contrairement à l’autrice, on n’a pas lu les œuvres analysées, on connaît certains auteurs ; d’autres sont d’illustres inconnus mais ils sont tous rassemblés dans les fictions qu’ils ont imaginées pour affronter l’angoisse des changements du monde. Si angoisse il y avait entre 1800 et 1975, on ne peut pas dire que cette angoisse ait disparu et il y a fort à parier qu’ils ont beaucoup à nous dire pout nous aider à projeter un monde, des mondes… demain !

En écrivant cette chronique au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale, ce 9 juin 2024, on ne peut pas dire que l’angoisse est absente !


Comment donc procéder pour se familiariser à cet ouvrage ? J’en propose trois entrées : un compte-rendu de l’introduction, des réflexions sur la lecture conjointe du tableau des textes étudiés et de l’index ; et enfin, un arrêt sur la troisième partie qui rencontre ma compétence de lectrice dont le titre est « Plus tard - La renaissance de la colonie à la postcolonie ».


Suivons donc, tout d’abord l’autrice dans son introduction, « L’avenir du monde ».


L’écrivain de référence et, en conséquence, celui qui surplombe en quelque sorte tout l’ouvrage, est Chateaubriand. Laure Lévêque reprend la qualification récente avancée par Jean-Paul Clément (2015) d’« écrivain prophète » ; cette capacité de réflexion sur l’avenir lui est reconnue par de nombreux critiques. Ce n’est pas de gaieté de cœur que Chateaubriand voit cet avenir : « l’Europe court à la démocratie […] La société moderne a mis dix siècles à se composer ; maintenant elle se décompose ». Il faut donc que le processus aille jusqu’à son terme pour qu’une « nouvelle vie » puisse repartir. « Aurore » ou « crépuscule », toute cette introduction accumule les références aux grands écrivains du siècle. Ainsi Victor Hugo dans ses Chants du crépuscule :

« Le destin nous emporte, éveillés ou dormant,

Que ce soit pour mourir ou que ce soit pour vivre,

Notre siècle va voir un accomplissement ».


Les écrivains nomment les écueils de ce siècle et en premier lieu la question sociale car la disproportion s’est de plus en plus accentuée entre richesse et pauvreté. Ils avancent la légitimité d’un nouveau contrat social en prophétisant discordes, dissensions et résistances : « si l’on touche à la propriété, il en résultera des bouleversements immenses, qui ne s’accompliront pas sans effusions de sang », proclame Chateaubriand.


Illustrant les prédictions des deux écrivains, Laure Lévêque introduit l’œil percutant du caricaturiste Honoré Daumier. Puis c’est au tour d’Alfred de Musset et sa vision passéiste développée dans La Confession d’un enfant du siècle. Baudelaire livre aussi son diagnostic : seule la poésie réserve un refuge hors de portée des atteintes néfastes du changement.


Après cette revue des « grands », l’essai peut introduire l’objet de son propos. Il l’exemplifie par le titre donné à son œuvre par Emile Souvestre en 1846, Le Monde tel qu’il sera. Il est « représentatif de toute une littérature futurologique que la Révolution n’invente pas mais qu’elle libère et potentialise ». La société, extrêmement bouleversée doit retrouver ses marques et envisager l’avenir. Les réponses des écrivains et auteurs sont différentes les unes des autres : « Entre déclinisme, catastrophisme, progressisme ou messianisme, fatalisme ou volontarisme, un riche corpus décline les possibles libérés par la renovatio temporum révolutionnaire, esquissant les contours de ce monde qui sort des limbes dont l’intelligence déroute jusqu’aux plus fins experts », écrit encore Chateaubriand. Tout trahit « l’inquiétude qui étreint un Chateaubriand qui, s’il sait la marche arrière interdite et la position stationnaire impraticable, se cabre vers la route qui l’emmène à demain ». Toutes les nombreuses citations des Mémoires d’outre-tombe sont à lire, tant elles sont prémonitoires d’un monde à venir. Elles somment les « héritiers » de cet écrivain majeur du xixes. de dessiner les contours précis et multiples de demain.


Les cinq dernières pages de cette introduction dense, après avoir introduit les écrits précurseurs, sont consacrées à la présentation des chapitres qui vont suivre, de l’espace temporel embrassé et du corps brassé. C’est le corpus à caractère fictionnel qui est privilégié mais en le confrontant sans cesse à la littérature d’idées : « Pour autant, la dimension proprement poîetique assumée par une littérature d’anticipation attachée à créer des mondes futurs supposait de repenser la classique opposition aristotélicienne entre res factae et res fictae au bénéfice de ces dernières ».


Contrairement  à ce que l’on pourrait penser, les fictions de cette production d’anticipation ne sont pas tournées prioritairement vers un monde meilleur : elles ne se conjuguent pas au futur : « ce corpus de textes réclame de son lecteur que, pour se diriger, il sache conjuguer à différents modes, à tous les temps et sous maints aspects – passé révolu, imparfait duratif, présent, futur simple, futur antérieur, conditionnels présent et passé, et jusqu’au potentiel – et maîtrise les arcanes de cet arsenal qui n’est pas que narratif mais, connectant directement l’histoire à l’HISTOIRE, sert un recommencement, un nouveau départ ». Ici, Laure Lévêque rappelle la distinction si pertinente – et à trois termes : Histoire/histoire/HISTOIRE – de Pierre Barbéris, reprise effectivement en 1991 dans Prélude à l’utopie mais qu’il avait bien développée dès 1980 dans Le Prince et le Marchand. Idéologiques : la littérature, l'histoire. Rappelons aussi que ce même critique a publié en 1976, Chateaubriand, une réaction au monde moderne.


L’étude proposée considère donc le rapport des textes à l’Histoire, « catastrophisme apocalyptique » ou « messianisme révolutionnaire » et aux grandes questions que l’humanité se pose. Leur énoncé montre « l’actualité » de ces interrogations passées : « guerre et militarisme, nationalisme, internationalisme et (anti)colonialisme, capital et travail, idéologies du progrès, qu’il soit technique ou social ».


Bien que, formellement, les œuvres du corpus soient assez différentes les unes des autres, elles invitent toutes « à changer de logiciel et sonnent l’alarme par delà les positions idéologiques de leur auteurs que l’on aurait pu croire irréconciliables ».


La clef est donnée du titre de l’ouvrage : « le spectre semble nettement s’organiser autour d’une bipolarité qui hésite entre le rouge et le noir, dont il n’est pas rare que l’opposition se résorbe en un "rouge-brun" qui, en même temps qu’un monde nouveau, annonce un "homme nouveau" dont on sait ce qu’il recouvre ». On peut alors qualifier ces écrivains comme l’a fait Günther Anders d’ « historiens tournés vers le futur ».


Comparaison tableau du corpus des textes utilisés et Index des noms


Le tableau du corpus qui suit cette introduction donne les auteurs et leurs œuvres dans l’ordre chronologique de leur publication ; de plus une troisième colonne précise le temps de l’action. Ainsi la seconde œuvre recensée montre un des écarts les plus grands entre la date de publication : 1809 et la date de l’action de la fiction : XXXIVes. ! Parfois, au contraire, cet écart est mineur ainsi de L’Invasion de la mer de Jules Verne : 1905/1925. La lecture attentive de ce tableau est très instructive et permet aussi de repérer les auteurs qui ont édité plusieurs œuvres d’anticipation.


En lisant, en fin de volume l’index – les index sont toujours utiles – il est ici absolument indispensable, on peut relever les noms qui sont assortis d’un grand nombre de pages, ce qui signifie la place qu’ils occupent dans l’ouvrage et peuvent nous guider : 1- vers les auteurs les plus représentatifs et 2 - vers leur traitement soit dans une des trois parties. (C’est déjà) demain = p. 39 à 377 / Après-demain = p. 379 à 746 / Plus tard = p. 751 à 823. On aurait peut-être souhaité que le sommaire soit une vraie table des matières car les titres et sous-titres intermédiaires sont très suggestifs et forment déjà démonstration.


Cette comparaison tentée, trois auteurs apparaissent essentiels dans la démonstration :le Capitaine Danrit (Emile Driant) et ses quatre œuvres ; Albert Robida et ses sept œuvres. Et bien entendu Jules Verne. Certains auteurs dans l’index ont plusieurs citations même s’ils n’ont qu’une seule œuvre : c’est le cas de Paul Adam, Etienne Cabet, Jean-Baptiste Cousin de Grainville, Daniel Halévy, Charles Nodier, Gaston de Pawlowski, Emile Souvestre et Maurice Spronck.


En ce qui concerne Jues Verne dont on sait que Laure Lévêque est une spécialiste, rappelons qu’elle a édité en 2019 un ouvrage qui lui est consacré : Jules Verne - Un lanceur d’alerte dans le meilleur des mondes ; dont elle reprend certains développements.



Elle a voulu faire entendre « la voix d’un Jules Verne lanceur d’alerte devant la course à l’abîme et le naufrage éthique où s’enfonce un monde toujours plus polarisé, qui n’a pour gouvernail que l’impérialisme et le capitalisme sauvages ». 

A la question que je lui posais alors en 2019 sur la catégorie littéraire où l’on peut classer l’œuvre de Verne, Laure Lévêque répondait clairement par « œuvre d’anticipation » et précisait, pour extraire l’écrivain de l’image convenue de prophète des sciences : « le progrès technique ne l’intéresse jamais pour lui-même mais uniquement en raison de ce qu’il peut signifier en termes de développement humain. […] C’est dans cette perspective de politique-fiction, plutôt que de science-fiction, que l’on peut parler d’anticipation et que l’on peut voir en Verne ce que Baudelaire voyait en Balzac : sinon un voyant extralucide, du moins un visionnaire lucide sur son temps. Car si Verne n’invente rien […], il se meut dans le long terme pour décaper les logiques profondes qui gouvernent une société qui se croit lancée sur la voie du progrès infini et qui ne fait que marcher à l’abîme, faute de se souvenir qu’il ne saurait y avoir de progrès qu’au service de l’humain. […] Impérialisme et consumérisme ici, militarisme et colonialisme ailleurs, exploitation partout, des hommes comme des ressources de la planète..., tout figure en clair pour qui sait ou veut lire, et si les contemporains ont manqué la réception de l’œuvre, force est de l’imputer à la puissance de persuasion de lectures idéologiquement conformes ».


En naviguant du corpus des textes à l’index, j’ai cherché… les femmes ! Elles ne sont pas nombreuses : sont-elles fâchées avec l’écriture d’anticipation ou cette absence est-elle à référer à leur difficile existence dans le champ littéraire ?... J’ai découvert Léonie Rouzade (1839-1916), féministe, journaliste et romancière. Elle a milité activement pour les droits des femmes et a fondé, en 1880, la première association de femmes socialistes en France. Elle a publié deux romans féministes dont l’un est d’anticipation : en 1872, Voyage de Théodose à l'île de l'Utopie. Ce roman raconte un naufrage. Le naufragé, Théodose débarque dans une île où il y a égalité entre hommes et femmes et où les habitants ne travaillent que quatre heures par jour.



La même année, son premier roman que je découvrirai avec curiosité, Le Monde renversé, raconte la révolte qu’une femme mène dans un harem et impose aux hommes d’obéir aux femmes. Une notice est consacrée à Léonie Rouzade dans le Dictionnaire des féministes. France : XVIIIe-XXIe s. par Sylvie Chaperon et Christine Bard. L’analyse de Théodose est proposée par Laure Lévêque au début de sa seconde partie dans le sous-chapitre, « Essais de palingénésie sociale ». La romancière se situe dans la lignée dessinée par l’île de l’Utopie de Thomas More. Le protagoniste est choqué par ce partage des tâches et des richesses et traite les habitants de l’île de « partageux ». L’un d’eux lui répond : « Est-ce que par hasard tu n’aurais pas encore compris que hors les partageux, il ne peut y avoir que les accapareurs du travail et les gardeux du profit ? Les partageux sont donc les seuls justes ». L’utopie dans ce roman devient la réalité vécue et non une parenthèse enchantée.

La seconde écrivaine d’anticipation est Elsa Triolet. Je croyais bien connaître son œuvre et je découvre ce roman édité en 1953 et qui a été réédité par Gallimard en 1970.




Cette fois l’anticipation repose sur le fait réel qui a tellement épouvanté le monde : le bombardement par les Américains, avec les bombes atomiques, les 6 et 9 août 1945, des villes d’Hiroshima et Nagasaki. Elle ouvre son roman sur le monde d’après. On saura plus tard que l’héroïne survivante s’appelle… Elsa Triolet. L’écrivaine a parlé d’une « autobiographie anticipée ». L’héroïne est brûlée, défigurée. Mais malgré l’horreur et les conséquences sur la terre et sur les générations successives des êtres humains, le roman veut délivrer un message optimiste. On lira l’analyse de Laure Lévêque à la fin de la première partie, « (C’est déjà) demain) » dans le sous-chapitre « La fin du monde ».

Il est remarquable que les deux seules écrivaines du corpus soient à l’intersection de la première et de la seconde partie.


 

Regards sur la troisième partie : Plus tard - La Renaissance : de la colonie à la post-colonie

 

Cette troisième partie est beaucoup plus courte que les deux précédentes étant donné  la question abordée : celle de la constitution de l’Empire colonial. Les œuvres sélectionnées pour l’illustrer sont soigneusement choisies pour bien mettre en valeur les courants qui se sont affrontés autour de la colonisation. En exergue deux citations sont proposées : une très longue citation du Général Mangin (La Force noire, 1910) et une plus courte de Robert Delavignette (Soudan-Paris-Bourgogne, 1935). Les deux convergent vers une perspective commune : la France a son renouveau possible dans le monde noir pour faire advenir « un nouvel occident ». A juste titre – et conformément à ce qu’avait annoncé l’introduction – le développement qui suit fait appel aux débats et idées échangés alors. La visibilité est donnée à l’année 1885 et au duel Jules Ferry/Clemenceau. C’est le « combat idéologique entre partisans et adversaires de la colonisation ». Jules Ferry est la figure centrale de l’expansion coloniale. Le discours de référence est celui du 28 juillet 1885 avec l’argument de base suivant : les races supérieures ont le devoir d’éduquer les races inférieures. Georges Clemenceau lui répond, le 31 juillet 1885 :

 

« N’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation : ne parlons pas de droit, de devoir ! La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires, pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit : c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence l’hypocrisie ».

 

Robida porte sa contribution de dessinateur-caricaturiste dans La Caricature du 31 octobre 1885, en publiant une planche dénonciatrice du processus de colonisation, « L’épidémie de colonisation ».

On assiste à la chute de celui qu’on nomme « Ferry-Tonkin » mais cela ne supprime pas l’expansion coloniale comme le confirme les pays et les dates listés qui passent sous le contrôle de la France. Parallèlement la presse participe à la diffusion de l’idéologie coloniale, de même que les expositions coloniales régulièrement organisées. La publicité des produits exotiques est aussi de la partie.

 

C’est donc dans cette ambiance politique que les auteurs vont imaginer leurs fictions pour plaider, avec les armes qui sont les leurs : pour ou contre l’expansion coloniale, renversement d’un leadership, peur de la France envahie, représentations des contrées lointaines d’Asie en Afrique ; certaines fictions reprennent l’idée exposée par Edgar Quinet de l’Orient et l’Occident dont « les génies se repoussent comme deux sectes ». Vieille histoire que « le choc » des civilisations !...

 

Huit auteurs sont convoqués et leur œuvre analysée avec précision : Ernest Coeurderoy, Hurrah !!! ou la révolution par les Cosaques, 1854 - Hippolyte Mettais, L’an 5865 ou Paris dans quatre mille ans, 1865 -  Camille Mauclair, L’Orient vierge-Roman épique de l’an 2000, 1897 - Capitaine Danrit, L’Invasion noire, 1894-1913 -  Jules Verne, L’Invasion de la mer, 1905 - Albert Quantin, En plein vol. Vision d’avenir, 1913 - André Reuzé, La Vénus d’Asnières ou dans les ruines de Paris, 1924 - Robert Randau, L’œil du monde, 1927.

Pour ces auteurs, comme je l’ai suggéré précédemment, l’index permet de  lire les pages de l’interprétation de leurs créations. Etant donné les dates retenues pour cette encyclopédie de la fiction futurologique française, les auteurs issus de l’empire colonial sont peu sollicités. On notera néanmoins les lignes consacrées à Abdourahman Waberi et sa fiction de 2006, Aux Etats-Unis d’Afrique et celle de Léonora Miano, en 2019, Rouge impératrice.

 

La conclusion générale : Back to the future : Révolution, le retour concentre son propos sur les interprétations de 1789. « Le regard prospectif » porté par ces fictions futurologiques est, dans presque tous les cas, tributaire du passé et du rapport que l’auteur entretient  avec 1789. Est-il possible de projeter sans être arrimé au passé ? C’est l’historiographie de la Révolution française qui est faite avec la prise en considération d’un nombre impressionnant de références qui donne une synthèse passionnante. Pour ma part, j’y ajouterai la conclusion que donnait l’essayiste pour son essai sur Jules Verne en l’appliquant à l’ensemble du corpus de cet ouvrage incontournable sur le sujet, entre 1800 et 1975 :

 

« Ce monde tel [qu’il est dessiné par ces fictions] entre les XIXe et XXe siècles est encore largement le nôtre. Un monde de périls, de conflits, d’inégalités, de violence, d’exploitation. Un monde où la question du sens est désormais posée. A tous les sens du terme. Aussi, pour un journaliste, peut-être conditionné par sa qualité d’Américain, qui s’enquiert : « Pourtant vous, plus que tout autre, devez croire au progrès ? », Jules Verne corrige : « Le progrès vers quoi ? » ; le monde où, sous la plume de Laure Lévêque, le fameux « To be or not to be » devient « To trust or not to trust ».




 

Laure Lévêque, Le Rouge ou le Noir ? Quand la fiction futurologique française prophétisait des lendemains qui (dé)chantent (1800-1975), Arcidosso (Italie), collection Humana Scientia, 2023, 858 p.,  28 €.

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