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Photo du rédacteurJulien Cendres

Julien Cendres : « Duras disait que mon regard sur la vie est celui d’un écrivain, que je suis un écrivain qui n’écrit pas… »



Marguerite Duras sur le plateau d'Apostrophes, octobre 1984, un mois avant le Goncourt (c) DR


Julien Cendres est écrivain et éditeur. Juré de plusieurs prix littéraires, il préside aujourd’hui la Maison des écrivains et le la littérature.


Comment avez-vous découvert Marguerite Duras ? Un livre ? Un film ? Une pièce de théâtre ? Ses entretiens ? Quelle a été votre réaction après la "rencontre" avec cette écrivaine ?

J’ai aimé Marguerite avant d’admirer Duras. Le premier livre a été Le Ravissement de Lol V. Stein, le premier film a été Le Camion, la première pièce de théâtre a été Le Navire Night, et les premiers entretiens ont été… les nôtres, au début de l’été 1977 – j’avais seize ans. Je me suis attaché d’abord à la découverte d’une femme inimaginable puis à celle de son œuvre, également subjuguantes, sans m’en détacher jamais.


Pourriez-vous me citer : le livre, le personnage, la phrase de Duras qui vous ont le plus marqué ? Pourquoi ces choix ?

Le Ravissement de Lol V. Stein comme l’errance fondamentale des autres personnages principaux m’ont bientôt enseigné « la vanité de l’existence » et, à défaut d’autre possible, « la voie du gai désespoir » est celle que j’ai empruntée…


Qu’est-ce qui vous fascine le plus chez elle ? Sa langue hyperbolique, anaphorique, ses silences ? Ses sujets atemporels qui reflètent, comme la parole du mythe, la mémoire à la fois collective et individuelle du XXe siècle ?

Son pressentiment de l’universel et de l’éternel, sa foi en les mots au lieu même de la foi en Dieu, sa parole et ses silences tels un philtre tragique – cette sagesse folle…


La "modernité" de son écriture, celle qu’elle a nommée dans les années 1980 « écriture courante », impatiente de s’exprimer, au plus près de l’intention orale et de l’inspiration créatrice, a-t-elle inspirée votre œuvre ?

Classique aussi bien que moderne, tenue aussi bien que courante, l’écriture de sa vie inspire la mienne depuis près de cinquante ans.


Duras encore, ou on la confie à l’histoire littéraire ?

Après la mort de Marguerite, j’ai convaincu Yann Andréa d’écrire Cet amour-là et Maren Sell de l’éditer, suggéré ensuite à Jeanne Moreau d’interpréter « le grantécrivain » dans l’adaptation cinématographique proposée à Josée Dayan : Duras encore et Duras dans l’histoire littéraire, Duras toujours et partout…




(Questionnaire et propos recueillis par Simona Crippa)





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